Un moulin médiéval de Dordogne renaît grâce à la crise sanitaire


La crise sanitaire est indéniablement un choc, un fait historique qui marquera sans doute à long terme les sociétés du monde entier. Mais malgré son côté dramatique, elle est accompagnée de belles histoires… Comme celle du moulin de Vézac !

Quand Elie Coustaty achète sa maison à Vézac en Dordogne, au beau milieu de la première décennie des années 2000, il hérite avec elle d’un vieux moulin à eau du XIVe siècle : « Tout le matériel était sur place quand j’ai acheté la maison, y compris la tenue de meunier » lance-t-il. Un moulin connu sous le nom du « Moulin de l’Evêque », alimenté par le Pontou (un petit affluent de la Dordogne), mais qui ne servait plus depuis l’après-guerre.

Le moulin était devenu pour Elie un passe-temps, une occupation d’ancien agriculteur nouvellement à la retraite. Et c’est ainsi qu’il l’a patiemment nettoyé, retapé et remis en état pendant 15 ans, à ses propres frais. Il n’y moulait guère plus de 20 kg de grains par semaine, surtout pour des agriculteurs locaux « qui font leur pain ».

Mais la pandémie de coronavirus est arrivée, quasiment du jour au lendemain, et avec elle le confinement, le siège des supermarchés et la pénurie de farine… Et c’est comme ça que ce septuagénaire s’est retroussé les manches et a mobilisé sa famille pour répondre à la demande exponentielle, la vente de ce nouvel or blanc du confinement croissant de 168% par rapport à la même période l’année dernière ! La principale raison de ce nouvel engouement résidant dans le fait que chacun souhaite désormais faire son pain, ses pâtisseries, et remettre la main sur ce qu’il mange.

Elie Coustaty s’est donc glissé dans la tenue du meunier, pantalon et longue chemise blanche, foulard rouge autour du cou et sabots en bois aux pieds : « Ce n’est pas du folklore, il s’habille vraiment comme ça pour travailler » glisse sa fille Marie-Rose qui prend en charge les commandes et la distribution en circuit court.

L’activité a alors démarré sur un train d’enfer : « Il faut que les gens retournent à la boulangerie, car on ne pourra pas produire pour tout le monde » en rigole Elie, alors que son gendre règle le butoir qui va séparer la farine du son. Car il est certain que la famille Coustaty, malgré sa mobilisation et ses efforts, ne parvient pas à satisfaire la demande et surtout les délais imposés de production. Produisant plus de 150 kg de farine bio par jour, leur meule de silex tournant à 60 tours par minute (ce qui est bien éloigné des standards des minoteries industrielles automatisées), ils ne peuvent suivre le rythme et ont même dû décliner la commande d’un boulanger bio des environs. « Notre idée n’est pas d’en faire une grande entreprise, mais d’être utile au territoire et de restaurer le patrimoine » tempère Marie-Rose, qui par ailleurs tient avec son mari un gîte et une ferme bio tout près de Vézac. Elle espère que la crise sanitaire et le confinement auront au moins permis à ses compatriotes de reprendre de bonnes habitudes : « Derrière notre démarche, il y a le bien-penser, avec des rémunérations et des prix corrects, et le bien-manger, avec des produits de qualité… Il y avait un frémissement ces dernières années mais le confinement a remis l’église au milieu du village. Les gens savent maintenant qu’ils peuvent faire vivre des producteurs locaux qui font attention à leur environnement. Une maraîchère me disait récemment : « ce virus, c’est quand même chouette car mes voisins m’achètent mes légumes. Sinon, ils iraient au supermarché et ça vient de Rungis ».

De nouvelles et bonnes habitudes que, nous l’espérons de tout cœur, nous saurons ne pas oublier dès la fin du confinement. De même que les efforts consentis et les initiatives entreprises par des personnes comme Elie Coustaty pour venir en aide à la communauté…

Source : AFP